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Musiques avec électronique : la peur du bug

Fragilisée par une notation problématique et par l’obsolescence des outils informatiques, la transmission des œuvres mixtes suscite l’inquiétude des compositeurs.

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Publié le 06 mai 2021 à 23h38, modifié le 07 mai 2021 à 17h22

Temps de Lecture 8 min.

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Figure majeure du paysage contemporain et pionnier de l’informatique musicale en France, Philippe Manoury est inquiet. Quelques œuvres de son catalogue, et non des moindres, posent aujourd’hui problème dans la perspective d’une exécution. C’est le cas de Pluton, qui devrait constituer un temps fort de la célébration des 70 ans du compositeur, en 2022, à la Cité de la musique, à Paris. Créée en 1987, avec la 4X de l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam), machine superpuissante qui permettait de programmer des transformations du son en temps réel, la partition a été conçue à une époque où l’avenir de l’association musique-science paraissait radieux…

« Quand les premiers synthétiseurs analogiques ont succédé aux bandes magnétiques utilisées dans les musiques mixtes, on avait déjà pensé avoir fait un grand pas en avant, raconte Philippe Manoury, mais ces nouveaux instruments se désaccordaient parfois parce que certains composants électroniques étaient sensibles aux variations de température. »

Lire le témoignage : Article réservé à nos abonnés Les compositeurs face au point d’orgue du confinement

L’arrivée du numérique a rassuré les créateurs. Le jeu des nombres est indépendant du chaud ou du froid ambiants. « On s’est dit que l’on pourrait tout conserver et on était persuadés d’avoir l’éternité devant nous… », se souvient Philippe Manoury en évoquant une conversation qu’il avait eue dans les années 1980 avec son aîné Pierre Boulez, le directeur-fondateur de l’Ircam.

Depuis, les inconditionnels de la technologie se sont rendu compte qu’il s’agissait d’une illusion. « J’ai été confronté pour la première fois au problème de la survie des œuvres avec électronique, confie Philippe Manoury, quand on m’a demandé de concevoir une version plus courte d’On-Iron, une pièce que j’avais écrite à l’Ircam pour l’ensemble Accentus. Et là, il est apparu qu’on avait abandonné le programme qui servait à faire de la synthèse vocale et qu’entre-temps on avait sauté plusieurs générations d’ordinateurs. On avait donc perdu les traces… »

Parade de l’open source

En parlant de sa situation avec certains de ses pairs, le compositeur a alors pris conscience qu’il n’était pas un cas isolé. « Notre mémoire et notre répertoire ne sont plus protégés, estime-t-il, parce que nous sommes à la merci de l’industrie : si l’entreprise qui détient le programme décide d’en arrêter la commercialisation, on ne pourra rien faire. » Il est donc urgent, selon le compositeur, de trouver une parade. Celle-ci pourrait venir des logiciels en accès libre, de l’open source. Démonstration : « Mon cycle Sonus ex machina, dont fait partie Pluton, fonctionne aujourd’hui soit sur le logiciel Max/MSP qui fonctionne sur un MacIntosh, soit sur Pure Data (qui tourne aussi sur PC), créé par le mathématicien Miller Puckette, l’inventeur de Max, que l’on peut télécharger gratuitement. »

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