Les conseils de Robert Schumann aux jeunes musiciens

Rares sont les compositeurs qui étaient autant fasciné par le monde de l’enfance et qui ont aussi bien écrit pour les plus jeunes. Tout d’abord, Robert Schumann a composé de la musique bien sûr, ses Scènes d’enfants composés en 1838 mais aussi son Album pour la jeunesse op.68, un recueil de courtes pièces pour piano d’une difficulté relative et donc ouverte à tous les niveaux, pouvant être jouée par les débutants comme les plus grands interprètes.

En préambule de L’Album pour la jeunesse, Robert Schumann écrit une préface où l’on peut lire ce premier conseil : « L'éducation de l'oreille est ce qu'il y a de plus important. Tâchez de bonne heure de distinguer chaque note, chaque tonalité. Examinez le son d’une cloche, d’un verre, du chant du coucou etc. » Robert Schumann nous dit aussi qu’il faut se reposer souvent des études musicales en lisant de la poésie, en se promenant dans la nature sans oublier d’aller au concert ou à l’opéra pour parfaire son oreille et sa personnalité. « Si la musique vient de votre cœur » écrit-il, « de votre sensibilité, si vous pensez à l’œuvre et non pas à votre public alors cette musique touchera le public aussi intensément que vous.»

L’un des premiers conseils de Robert Schumann n’a donc rien à avoir avec la pratique instrumentale elle-même. C’est en écoutant le monde qui nous entoure comme si l’on était au concert que l’on peut développer un jeu sensible et inspiré, qu’une poussière que l’on possède tous peut donner naissance à une perle précise Schumann. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’il faut faire l’impasse des études techniques et du solfège. « Répétez souvent la gamme et les autres exercices, mais cela n'est pas suffisant. N'ayez pas peur des mots : Théorie, Harmonie, Contrepoint. Ils vous souriront, si vous en faites autant. »

Pour Robert Schumann, l’interprète doit avoir une technique irréprochable mais il doit surtout se comporter comme un compositeur. Improviser et composer à côté de la pratique de l’instrument, jouer avec d’autres musiciens est essentiel pour être un bon musicien. D'ailleurs Robert Schumann met en garde le jeune musicien : « Il y a beaucoup des gens qui par leur seule technique croient atteindre au but suprême, qui jusqu'à l'âge mûr, passent plusieurs heures par jour à faire des exercices purement mécaniques. C'est à peu près comme si l'on tâchait chaque jour de prononcer l'alphabet de plus en plus vite. Employez mieux votre temps et surtout n’oubliez pas rien de grand dans l’art s’est fait sans enthousiasme ! »

« Qu'appelle-t-on bon musicien ? » se demande finalement Robert Schumann : « Un bon musicien est quelqu’un d’humble, qui se plonge dans l’œuvre qu’il interprète. Vous n’êtes pas un bon musicien", précise Schumann « si, tenant vos yeux attachés sur les notes avec anxiété, vous ne venez à bout de faire votre tâche qu'avec peine ; vous ne l'êtes pas si quelqu'un ayant tourné deux pages d’une partition à la fois, vous restez coincé et ne pouvez continuer. Mais vous l'êtes si vous pressentez ce qui va suivre; en un mot, si vous avez la musique non seulement dans les doigts, mais encore dans la tête et dans le cœur. »