Arithmétique, géométrie, astronomie et… musique. Inutile de chercher l’intrus, il n’y en a pas : au Moyen Age, la théorie musicale était classée dans les sciences au sein du quadrivium, l’ensemble des sciences mathématiques. « La musique est un phénomène acoustique, les relations entre sciences et musiques sont riches et intellectuellement cohérentes », détaille Marie Demeilliez. La maîtresse de conférences en musicologie est responsable de la double licence physique et musicologie de l’université Grenoble-Alpes – une des deux formations qui remettent au goût du jour cette alliance aussi évidente que surprenante.
Première à investir ce terrain à la lisière entre arts et sciences, la Sorbonne a inauguré en 2010 sa double licence sciences et musicologie. « Ce parcours est né de la frustration des étudiants qui, à la sortie du lycée, ne souhaitaient pas se séparer de deux disciplines qui leur étaient chères », retrace Benoît Navarret, coresponsable de la double licence sciences et musicologie de Sorbonne Université.
En 2017, c’est au tour de l’université Grenoble-Alpes de lancer sa double licence physique et musicologie. « Les enseignants de musique nous ont fait remonter que beaucoup de leurs élèves étaient issus de filières scientifiques. Grenoble est un endroit idéal pour lier les deux domaines, en raison de la forte présence de physiciens sur le campus et de la classe de métiers du son au conservatoire de Grenoble. Les étudiants intéressés par ce débouché peuvent y faire des travaux pratiques », confirme Marie Demeilliez.
Cursus exigeant
A Paris comme à Grenoble, ces doubles licences attirent beaucoup de candidats : autour de deux cents, issus de toute la France, pour une vingtaine de places seulement. « Les étudiants sélectionnés ont un bon niveau, une mention bien ou très bien au bac, avec une spécialité en mathématiques ou physique, et une pratique musicale. Ils sont actifs et curieux : la moitié a le statut de sportif ou d’artiste de haut niveau, c’est bien plus que dans d’autres licences », détaille la maîtresse de conférences en musicologie. A l’issue des trois années de formation, ses étudiants obtiennent à la fois une licence de musicologie et une licence de physique.
La double licence se révèle exigeante en volume horaire et en pluridisciplinarité, abonde Benoît Navarret : « Nos étudiants doivent être à l’aise en écriture musicale comme en mathématiques, en harmonisation comme en mécanique. On n’est pas là pour remplir la jauge de vingt-quatre étudiants par promotion, on sélectionne uniquement les profils qu’on imagine arriver au terme des trois années de formation. »
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