Culture

La petite musique du streaming alternatif

4 min
Pour écouter de la musique en streaming, il n'y a pas que Deezer, Spotify ou YouTube. Des plates-formes collaboratives voient le jour. PHOTO : Getty

Assurer une juste rémunération des artistes et promouvoir la diversité musicale, c’est le pari que tentent de relever de nouveaux acteurs inscrits dans l’économie collaborative. Chaque écoute sur les principales plates-formes - Spotify, Deezer, YouTube ou Apple Music - rapporte au mieux quelques centièmes de centime aux ayants droit, l’essentiel des recettes étant conservé par les producteurs. D’ailleurs, les organisations d’artistes militent, dans le cadre de la révision de la directive européenne sur les droits d’auteur, pour obtenir une meilleure répartition. Les alternatives empruntent plusieurs voies.

A Saint-Etienne, la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) 1D Lab propose avec sa plate-forme diMusic un streaming alternatif B2B

Créée en 2013 à Saint-Etienne, la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) 1D Lab propose avec sa plate-forme diMusic un streaming alternatif B2B. Ses clients ne sont pas les auditeurs, mais des lieux culturels (médiathèques, salles de concerts). Ils achètent des abonnements pour leurs adhérents, qui ont ainsi accès à un catalogue mettant en avant la création indépendante. 55 % du chiffre d’affaires généré sont reversés aux ayants droit. Les 45 % restants sont alloués au fonctionnement de la coopérative, qui emploie neuf salariés. 1D Lab a connecté 3 000 lieux et compte 100 000 utilisateurs. Son catalogue s’est élargi aux jeux vidéo, aux livres et documentaires, l’offre étant réunie au sein du kiosque Divercities. En 2017, la Scic a réalisé 550 000 euros de chiffre d’affaires.

Sans abonnement

A Berlin, la coopérative Resonate a développé depuis 2017 une plate-forme sans abonnement. Sur son site, il faut payer dès la première écoute. Le prix commence à 0,002 euros et double à chaque écoute pour atteindre 1,022 euros à la neuvième. Après cela, l’utilisateur peut télécharger la chanson et l’écouter autant qu’il le veut. La plate-forme prélève une commission de 30 %, le reste est reversé aux artistes. La coopérative, qui réunit 3 500 artistes, 450 producteurs indépendants et 15 salariés, espère être rentable en 2019.

Imaginée à Montbéliard, une autre plate-forme, Noistr, permet aux artistes de se passer des distributeurs et de vendre directement leurs morceaux. Les artistes ne signent pas de contrat de distribution avec Noistr, ils décident de ce qu’ils mettent en vente, à quel prix, et gèrent directement leurs stocks. L’entreprise prélève une commission de 20 % sur les téléchargements et de 10 % sur les ventes physiques. Elle compte environ 5 000 fans et 2 000 artistes, et n’est pas encore rentable.

Imaginée à Montbéliard, une autre plate-forme, Noistr, permet aux artistes de se passer des distributeurs et de vendre directement leurs morceaux

La promotion de la musique ne se joue pas seulement en ligne. A Paris, l’association Au fil des voix organise depuis 2008 un festival des musiques du monde. Le label ou le tourneur de chaque artiste retenu contribue au budget de communication à hauteur de 1 000 euros. En mutualisant leurs ressources, ces professionnels donnent de la visibilité à leurs artistes.

Le festival embauche tous les artistes avec un cachet de 250 euros, quelle que soit leur notoriété. Il fonctionne avec un budget de 250 000 euros abondé par des organismes professionnels du secteur, 80 000 euros de recettes de billetterie et 30 000 euros de subventions de la ville et de la région. Saïd Assadi, son fondateur, voit plus loin : il veut réunir en un seul lieu des acteurs dédiés à la création, la production et la diffusion de la musique. Le 360 Paris Music Factory ouvrira ses portes l’année prochaine.

Cet article a été réalisé en partenariat avec la Maif

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Commentaires (1)
Rave-On.fr 26/11/2018
Les puristes font un distinguo entre alternatifs (alternative) et indépendants (indie). En gros les alternatifs sont l’autre face du streaming, à destination des « happy few » mais ce sont toujours des productions attachées aux majors. Les indés sont tous les labels ou artistes éloignés des majors à l’instar de labels comme Burger Recors, Suicide Squeeze, Flying Nuns Records etc. Du vinyle ou des cassettes, collectors de fait et en faible volume.
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