Comment rendre accessible la pratique de la musique aux personnes sourdes et malentendantes ?

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Comment rendre accessible la pratique de la musique aux personnes sourdes et malentendantes ?

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Lily Regnault joue de la basse conçue par Cassandra Felgueiras
Lily Regnault joue de la basse conçue par Cassandra Felgueiras

Cassandra Felgueiras, étudiante de l'École des beaux-arts de Toulon, a créé dans le cadre de son diplôme d'expression plastique le prototype d'instruments de musique pour les personnes sourdes et malentendantes. Une invention qui lui a valu la bourse « Déclic jeune » de la Fondation de France.

Comment rendre la musique accessible aux personnes sourdes et malentendantes ? Jusqu'à présent, les tentatives d'adaptation - encore trop peu répandues -  vont dans le sens de leur permettre d'assister aux spectacles musicaux moyennant un.e interprète en langue de signes ou grâce à des dispositifs spécifiques, tels des écouteurs ou des récepteurs en forme de vêtement ou de sac à dos qui traduisent les vibrations en contact avec le corps. 

Mais quid de la pratique musicale ? C'est la question que s'est posée Cassandra Felgueiras, étudiante de l'École des Beaux-Arts de Toulon. Cette plasticienne et conceptrice d'instruments expérimentaux vient d'élaborer le prototype d'un instrument de musique qui permettra aux personnes sourdes et malentendantes de faire de la musique, y compris en groupe. 

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« Dans le cadre de mes recherches de fin d'études, j'ai travaillé sur le rapport du musicien à son instrument autour de deux axes : auditif et tactile, et à un moment de ma réflexion, je me suis dit que cela pouvait répondre à la problématique des personnes sourdes. »

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La jeune femme a ainsi élaboré une guitare basse qui garde toutes les caractéristiques organologiques de l'instrument, mais à laquelle est ajoutée une tige métallique qui épouse la forme du corps, réalisée par l’artisan ferronnier Jean-Christophe Cinna. « L'instrument garde la même organisation pour ne pas perturber le jeu, mais grâce à la tige métallique, le corps devient la caisse de résonance. » Pendant un an, elle a testé le prototype avec son groupe de musiciens, David Benzazon, Olivia Rivet et Eddie Dumoulin, avec la participation de Lily Regnault, bassiste devenue sourde à l'âge de 21 ans. « Lily était musicienne avant de perdre l’ouïe. Elle était très émue de retrouver la pratique musicale. Pendant les séances, elle jouait la basse assise sur une enceinte pour sentir les autres musiciens. Au bout d'un an, elle jouait du Nina Simone, et pouvait même improviser. »

Pour son prototype, Cassandra Felgueiras a reçu la bourse « Déclic jeune » de la Fondation de France qu'elle entend utiliser pour continuer à développer son prototype. « J'espère atteindre autant de personnes sourdes et malentendantes que possible qui souhaitent faire de la musique, et, à terme, développer d'autres instruments sur le même principe », nous confie la jeune femme.

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