Sciences et Avenir : Vous avez donné une conférence au Festival d’Avignon sur les effets cognitifs de la musique. Quel impact sur l’apprentissage ?
Bénédicte Poulin-Charronnat : La musique a un effet bénéfique sur l’apprentissage scolaire, car elle fait intervenir des aires cérébrales impliquées dans de nombreuses activités cognitives : l’attention, la mémoire, l’intégration temporelle des éléments, ou encore la traduction du codage visuel (les notes) en codage auditif (le son) et moteur (les gestes ou la voix). Faire travailler ces réseaux neuronaux par la pratique musicale stimule ces capacités et d’autres fonctions liées à ces dernières. Par exemple, une étude de Sylvain Moreno, de l’Institut de neurosciences cognitives, à Marseille, a montré qu’il existe un transfert d’apprentissage entre musique et langage. Des enfants qui la pratiquent pendant plusieurs semaines présentent une meilleure capacité de discrimination de la prosodie (modulations de l’expression orale) par rapport à un autre groupe d’enfants qui s’est adonné, lui, à la peinture.
Cela se traduit-il par de meilleurs résultats scolaires ?
Sciences et Avenir : Vous avez donné une conférence au Festival d’Avignon sur les effets cognitifs de la musique. Quel impact sur l’apprentissage ?
Bénédicte Poulin-Charronnat : La musique a un effet bénéfique sur l’apprentissage scolaire, car elle fait intervenir des aires cérébrales impliquées dans de nombreuses activités cognitives : l’attention, la mémoire, l’intégration temporelle des éléments, ou encore la traduction du codage visuel (les notes) en codage auditif (le son) et moteur (les gestes ou la voix). Faire travailler ces réseaux neuronaux par la pratique musicale stimule ces capacités et d’autres fonctions liées à ces dernières. Par exemple, une étude de Sylvain Moreno, de l’Institut de neurosciences cognitives, à Marseille, a montré qu’il existe un transfert d’apprentissage entre musique et langage. Des enfants qui la pratiquent pendant plusieurs semaines présentent une meilleure capacité de discrimination de la prosodie (modulations de l’expression orale) par rapport à un autre groupe d’enfants qui s’est adonné, lui, à la peinture.
Cela se traduit-il par de meilleurs résultats scolaires ?
Les enfants musiciens suivent une meilleure scolarité que les non-musiciens, cela a été démontré. Toutefois, parvenus à l’âge adulte, cet avantage s’estompe. La musique confère donc une aide à l’apprentissage mais ne rend pas plus intelligent pour autant !
Le fameux "effet Mozart" n’existe donc pas ?
L’"effet Mozart", issu d’un article publié en 1993 dans la revue Nature, affirmait que si on faisait écouter à des étudiants une sonate de Mozart pendant dix minutes, ils obtenaient tout de suite après un meilleur score à un test de raisonnement spatial. Cette étude a été difficilement reproduite par la suite et très controversée. Les Canadiens Kristin Nantais et Glenn Schellenberg ont démontré notamment (1999) que l’écoute de Mozart ou d’une histoire (de Stephen King) avait le même effet positif sur la performance des participants au test chez ceux qui ont apprécié ce qu’ils ont entendu, qu’il s’agisse de la musique ou de l’histoire. Conclusion : tout ce qui nous met dans un état psychologique, émotionnel, positif nous met dans de meilleures conditions pour travailler. Cependant, ces effets restent à court terme, et seule la pratique musicale - et non l’écoute seule - entraîne des changements neuronaux et cognitifs profonds.
La musique peut-elle avoir un effet thérapeutique ?
Tout au long de la vie, le cerveau garde une certaine plasticité. Apprendre le piano, même à 70 ans, a donc toujours un effet cérébral au niveau moteur, auditif et cognitif. De plus, des études semblent montrer que les musiciens auraient un déclin cognitif moindre, une mémoire plus vive et une humeur améliorée comparés aux non-musiciens. La musicothérapie tire parti de tous ces avantages. Ainsi une étude d’Antoni Rodriguez-Fornells (2012), de l’université de Barcelone (Espagne), a prouvé l’efficacité du recours à la musique pour la réhabilitation motrice de patients ayant subi des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Et chez les patients parkinsoniens, marcher sur des musiques rythmées permet de faire des pas plus grands et plus affirmés.