ARTE - DIMANCHE 5 JANVIER À 17 H 55 - DOCUMENTAIRE
Derrière les grésillements s’élèvent les voix puissantes de l’Italien Enrico Caruso (1873-1921) ou du Russe Fédor Chaliapine (1873-1938). Gravées sur des 78- tours fabriqués à base de gomme laque, résine naturelle (le vinyle ne viendra que bien plus tard), les œuvres de ce ténor et de cette basse mythiques provoquent toujours des frissons. Le 78-tours, géniale invention due à l’Allemand Emil Berliner (1851-1929), a permis au grand public d’accéder à la musique. Et durant près de soixante ans, le 78-tours, support exceptionnel, a régné sur le monde.
Retraçant la carrière de cet inventeur hors du commun, ce documentaire analyse, à l’aide d’archives sonores rares et de documents filmés datant pour certains du début du XXe siècle la révolution à la fois technique et culturelle que provoqua le 78-tours. Comme le résume le compositeur contemporain britannique Aleks Kolkowski : « Même si la qualité d’enregistrement est largement inférieure aux normes actuelles, le son du 78-tours possède une présence qui crée une relation très intime entre l’auditeur et l’interprète. »
A la recherche des voix de demain
Inventeur de génie mais aussi homme d’affaires redoutable, Emil Berliner ne cessera d’améliorer ses inventions sonores et saura parfaitement vendre son 78-tours à travers le monde, alors que l’Américain Thomas Edison (1847-1931), qui avait pris de l’avance avec son gramophone en cylindre de cire, abandonnera la course musicale pour se consacrer à l’électricité. Dès 1887, Berliner fait breveter son disque plat non seulement dans l’empire allemand mais aussi aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. De par leur composition, ces disques peuvent être fabriqués en grande quantité.
Onéreux à ses débuts, le 78-tours est adopté au début du XXe siècle par les foyers aisés, mais aussi par les restaurateurs. En trois ans, l’inventeur allemand a fondé la Berliner Gramophone à Philadelphie (1895), la Gramophone UK (1897,) puis la Deutsche Grammophon (1898). Rien ne lui résiste. Ses collaborateurs sillonnent la planète à la recherche des voix de demain. En Inde, au Japon, en Azerbaïdjan, ils enregistrent tout, découvrent des talents.
A partir de 1904, le 78-tours, produit à 25 000 exemplaires par jour, s’impose dans les foyers. Les disques sont de moins en moins chers, les gramophones aussi. Période bénie pour le 78-tours, les années 1920-1930 feront triompher le jazz et le swing. Une belle époque.
La Révolution du 78-tours, de Dagmar Brendecke (All., 2019, 52 min).
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