Qui a dit que l’éducation artistique et culturelle était un sujet consensuel, dénué de tout enjeu politique ? En 2017, ce thème est devenu un véritable marqueur pour les principaux candidats. Ce n’était pas le cas il y a dix ans. En 2007, les débats se focalisaient sur le téléchargement illégal des œuvres. Par ailleurs, le Front national n’avait pas la place qu’il occupe aujourd’hui dans les esprits – et l’enseignement des arts, on le sait, peut virer à la propagande.
En 2017, Marine Le Pen a saisi toute l’importance de la culture pour diffuser son message patriotique. Et la musique est un médium particulièrement adapté, explique son porte-parole pour la culture, Sébastien Chenu, conseiller régional (FN) des Hauts-de-France : « Nous voulons généraliser les orchestres et les chorales dans les écoles. Car la musique permet de diffuser de l’influence française », dit-il. Les répertoires seraient donc « francophones », confirme celui qui est aussi membre du conseil d’administration de l’Opéra de Lille : « A travers les chants, les enfants découvrent et apprennent le patrimoine de leur pays, et de l’espace francophone. Ils seront porteurs de cette parole tout au long de leur vie. » Quid du reste du monde ?
On pourrait se poser une question similaire lorsque l’on consulte le site officiel de François Fillon. L’enseignement artistique, avec le renforcement de l’histoire de l’art, y est inscrit en tête du chapitre culture. L’objectif, lit-on, est de « développer la conscience d’appartenir à cette civilisation singulière et brillante qu’est la civilisation européenne ». Dans l’entourage du candidat, on se défend de tout repli en arguant qu’il s’agit de « réaffirmer la confiance dans l’Europe ».
Dès la crèche
Si la musique, encore elle, a la préférence du candidat d’En Marche !, du moins en ce qui concerne les plus jeunes, c’est pour des raisons pédagogiques, selon Frédérique Dumas, conseillère régionale d’Ile-de-France et productrice de films : « Des études scientifiques récentes en neurosciences ont démontré le lien entre l’apprentissage musical et le développement des compétences cognitives, intellectuelles et sociales. Notamment chez les tout-petits. Il est donc prioritaire de développer l’éducation artistique dès la crèche et la maternelle pour mieux préparer à l’apprentissage des fondamentaux et réduire ainsi les inégalités », préconise-t-elle.
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