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Le rap est-il toujours politique ?, s’interroge la revue « Mouvements »

Dans un dossier intitulé « La Battle du rap », politiste, chercheurs et rappeurs se penchent sur les questions de genre, de racialisation et de combat social aujourd’hui dans ce genre musical.

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Publié le 15 mars 2019 à 06h15, modifié le 15 mars 2019 à 06h15

Temps de Lecture 2 min.

La Revue des Revues. Né dans les années 1970 au sein des ghettos noirs et latinos américains, le rap est devenu une esthétique prédominante de la culture pop mondiale. Est-il resté, malgré ce succès planétaire, « l’incarnation de la révolte des opprimé(e)s », se demande, dans son numéro d’hiver 2018, la revue « Mouvements » ? La représentation est en effet un concept cher à la culture hip-hop : chaque artiste est censé « représenter », dans sa musique, son quartier, voire sa communauté.

Dans un article intitulé « The Motherfucking Bitch Era : la transition hard-core du rap féminin », le politiste Keivan Djavadzadeh se penche sur la question du genre en analysant le retournement du stigmate de la « bitch » par les rappeuses elles-mêmes. Confrontées à l’hypersexualisation du corps des femmes noires dans les clips vidéos, les artistes Lil’Kim, Foxy Brown et aujourd’hui Cardi B revendiquent « le contrôle sur leur propre corps » et dénoncent « les relations de pouvoir qui se jouent dans l’intimité ». Répondant avec humour aux « vantardises des rappeurs gangsta », elles leur rendent coup pour coup et bousculent les tabous sexuels : elles célèbrent ainsi le cunnilingus, une pratique jugée dégradante par certains de leurs collègues. Loin d’être des victimes soumises au diktat des mâles, les femmes du rap se révoltent donc, voire retournent les armes contre les hommes.

La particularité française

S’interrogeant sur la « racialisation » du rap, le sociologue Karim Hammou, auteur d’une précieuse Histoire du rap en France (La Découverte, 2014), insiste sur les particularités de l’Hexagone. Il souligne ainsi l’existence, en France, de groupes multiethniques alors qu’ils sont rares aux Etats Unis : dans Blanc et Noir, le groupe NTM renvoyait déjà, en 1991, « les racismes dos à dos » en faisant un parallèle entre « Farrakhan ou Le Pen/Même combat pour la haine ». Pour le sociologue, le concept de réappropriation culturelle, qui fait débat en Amérique du Nord depuis les années 1980, n’est apparu que tardivement en France, à la fin des années 2000, et il n’y remporte pas un grand succès.

Le rap est-il une musique intrinsèquement politique ? Dans les années 1990, le public français et les médias francophones avaient découvert des expressions musicales très politisées à travers le groupe américain Public Enemy ou les Français Assassin et IAM. Cette tradition née vingt ans plus tôt dans les fêtes du Bronx, rappelle le sociologue Louis Jesu dans un article intitulé « De la subversion sociale et politique dans le rap français contemporain », peut être aussi bien « festive que contestataire ». Malgré les procès en récupération qui sont régulièrement intentés au rap, il reste impliqué dans les mouvements sociaux qui se sont fait jour dans le monde ces dernières années, que ce soit à Barcelone, en Algérie ou en Afrique.

« Mouvements, des idées et des luttes », n° 96. « La Battle du rap : genre, classe, race », La Découverte, 180 pages, 16 euros

« Mouvements, des idées et des luttes », n° 96. « La Battle du rap : genre, classe, race » (La Découverte, 180 pages, 16 euros).
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