Partager
High-Tech
L'expert

Pourquoi l’industrie musicale a besoin de la blockchain

La Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM) a annoncé une alliance avec ses homologues américains et britanniques pour mettre au point un système commun d'identification des œuvres utilisant la technologie blockchain. Elles se sont associées avec le géant informatique américain IBM. Décryptage avec Clément Jeanneau, co-fondateur de Blockchain France, une startup spécialisée dans le conseil en blockchain.

réagir
Logo Sciences et Avenir

Clément Jeanneau, co-fondateur de Blockchain France

La musique a-t-elle vraiment besoin de la blockchain ?

Cela peut surprendre car cette technologie, historiquement, a d’abord été expérimentée dans la finance, la banque et l’assurance. Au cours des derniers mois, elle a gagné deux autres secteurs, l’énergie et la « supply chain ». C’est la première fois qu’elle touche l’industrie musicale. En réalité, la Sacem y réfléchissait depuis plus d’un an. Longtemps, l’industrie musicale a été réticente vis-à-vis des technologies numériques, de l’internet et des infinies possibilités de copier des titres. Cette fois-ci, elle est plutôt en pointe dans l’utilisation de la technologie. Au lieu de tenter d’y faire obstacle, elle entend l’utiliser.

Comment l’industrie musicale va-t-elle s’y prendre ?

Il faut d’abord rappeler que le streaming est devenu la première ressource financière de la musique. Le téléchargement, historiquement la bête noire des auteurs, n’est plus une source de problème. L’industrie musicale ne va donc pas reproduire l’expérience désastreuse des DRM, ces systèmes censés empêcher les copies illégales, en utilisant la blockchain pour identifier et pourchasser des fraudeurs. L’objectif sera probablement de simplifier la gestion des droits d’auteurs. La blockchain permet d’enregistrer le droit d’auteur de chaque titre de façon inviolable. Chaque morceau aura un seul hash qui contiendra les éléments du droit d’auteur. Ce système n’empêche pas la copie mais tout morceau pourra être identifié.

Quelle est l’avantage de la blockchain ?

La Sacem et ses homologues américains et britanniques ont choisi la technologie hyperledger d'IBM. Il s’agit d’une technologie blockchain privée, à la différente du bitcoin, par exemple, qui est publique. Les blocs sont gérés par un petit nombre d’organisations qui n’ont pas l’intention de partager, à la différence du bitcoin qui est partagé entre tous les acteurs. Là, ce sera une chaîne privée avec très peu d’acteurs. La blockchain va obliger les éditeurs à davantage de transparence. L’industrie musicale est assez opaque et une partie des droits d’auteur n’est pas versée aux bons ayants droit. En mesurant les flux de streaming, par exemple, la blockchain permettrait de vérifier que les auteurs touchent la rémunération à laquelle ils ont droit. L’enregistrement des données du droit d’auteur sur les hash insérés dans chaque titre pourrait permettre la création d’une base de données mondiale des droits d’auteurs. Ensuite, des smart contracts permettraient le versement immédiat des droits aux auteurs.

Tous les auteurs n’ont pas la même politique concernant l’utilisation de leur musique...

Justement, les smart contracts autorisent l’ajout de conditions spécifiques à chaque auteur et à chaque utilisateur. Un artiste peut demander une rémunération pour une diffusion de sa musique à la radio et ne pas en demander aux boîtes de nuit et demander un prix moins élevé aux particuliers. Il pourrait aussi ne pas faire payer des sites de streaming qui ont une approche éthique. Enfin, la blockchain et les smart contracts permettent de différencier la répartition des droits : 5% à tel musicien, 2% à tel autre...

Et pour les autres acteurs de l’industrie musicale ?

La blockchain peut s’appliquer à la vente ou à la revente des billets de concert. Il est possible de fixer un plafond de prix de revente qui par exemple n’excèdera pas 20% de plus sur le prix facial. Il est également possible d’interdire la revente d’un billet sur un site ou une plateforme non-agréée. En fait, l’industrie musicale en est encore au stade de l’expérimentation. Elle va multiplier les expériences et retiendra celles qui seront positives. C’est une démarche très saine.

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications